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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 20:51

   Il y a quelques jours, en participant à Marseille à un rassemblement en soutien au peuple libyen qui lutte pour sa dignité, un militant auto-déclaré « révolutionnaire » distribuait de petites invitations pour un meeting organisé sur la Révolution tunisienne. Comme j’ai cherché à savoir ce que sera l’objet du meeting, il m’a répondu, le plus naturellement du monde : « en tant que militants révolutionnaires, on aimerait savoir comment on fait une Révolution ». J’ai réprimé un fou-rire tout en faisant mine d’acquiescer. Je n’ai pas failli éclater de rire seulement parce que je m’attendais plutôt, à vrai dire, à une toute autre réponse, plus hypocrite : « on aimerait établir des liens de solidarité avec les gens qui continuent à lutter sur place, là-bas ». Je n’ai pas failli de rire non plus parce que comme disait Rosa Luxembourg, une Révolution n’a pas de recettes, ne se décrète pas, que la minute précédente, elle paraît improbable, et la minute d’après,  naturelle, évidente.  

   J’ai surtout failli rire jaune : à plusieurs reprises au cours des années 2000, il y a eu de grandes révoltes en France. Contre l’exclusion sociale et les discriminations racistes, contre la répression et les crimes de la police, toujours impunis, les habitant-e-s des quartiers populaires et issu-e-s de l’immigration post-coloniale se sont révolté-e-s. Les militant-e-s auto-déclaré-e-s « révolutionnaires » du NPA, du PCF ou de LO courent depuis un certain nombre d’années, voire de décennies pour certain-e-s, derrière « le grand soir ». Ils/elles n’ont pourtant pas hésité à afficher leur mépris envers les révoltes successives qui ont secoué les quartiers populaires français.

    C’est que le racisme post-colonial semble rendre impossible toute expression de solidarité avec les formes de résistances des habitant-e-s des quartiers dits « sensibles ». Les mêmes « révolutionnaires » auto-déclaré-e-s qui légitiment le saccage d’une librairie du boulevard Saint-Michel au cours des mobilisations étudiantes crient au scandale lorsque des « Noir-e-s » et des « Arabes » incendient une école. Ce sont encore les mêmes qui ont refusé de soutenir une amnistie des révolté-e-s réprimé-e-s au cours des événements de l’autonome 2005. Les révolutions n’ont jamais pour point de départ les classes privilégiées. Elles ont toujours leur origine dans les mobilisations de ceux et celles qui sont les plus exclu-e-s socialement et politiquement. Un processus révolutionnaire en France ne pourra partir que des quartiers les plus populaires, aujourd'hui massivement peuplés par les héritier-e-s de l’immigration coloniale. Cela devrait constituer un truisme pour les militant-e-s autodéclaré-e-s « révolutionnaires », mais que le racisme post-colonial empêche singulièrement de voir.

Une militante du Kolektif degage!

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